Les pinceaux et la palette

Personnellement, je ne lâche rien sur le matériel. Dans ma liste de courses de ma prépa d'art en 2005, il y avait des pinceaux en poil de martre en 3 tailles, et je continue de racheter les mêmes depuis. François Amoretti qui travaille à côté de moi à l'atelier ne jure que par les sables, disant qu'ils sont increvables, même après un bouquin à l'acrylique. Il faut que j'essaie, d'autant que mes magasins d'art locaux ne restockent plus mes Raphaël et que ça commence à bien faire. Toutefois, mon dernier martre de cette même marque en taille 0 me dure depuis de nombreuses illustrations, ce qui ne cesse de m'étonner. Côté palette, pour de l'aquarelle c'est plastique uniquement. Elles doivent en effet être imperméables ce qui a l'avantage de pouvoir y faire sécher des petits mélanges. Les pigments se reconcentrent et vous pouvez travailler avec comme si vous puisiez la couleur directement depuis un godet ou un tube.

A palette used for watercolour and colored inks with an illustration in the background
Par manque d'espace principalement, je travaille surtout avec des gouttelettes séchées. Faut pas laver !
An artist desk with a watercolour palette, an array of paint brushes, masking fluid and a murex shell.
  • 1. Très gros pinceau pour les applats.
  • 2. Mon précédent effort en terme de "gros pinceau"
  • 3. Même technologie que 1. (Soft aqua). J'ai l'impression qu'il tient ses promesses et embarque pas mal de pigment. Alternative à 4.
  • 4. Le pinceau. Le principal, celui que j'utilise 90% du temps, celui qui doit être précis.
  • 5. Un pinceau que j'ai acheté par peur que 4. me décède dans les mains. Mais dans les faits il n'a rien à voir, c'est comme une mini-brosse. Très utile pour flouter un contour ou une zone avec de la patience, et donc faire des dégradés "manuels", ce que je n'avais pas vu venir.
  • 6. Pinceau en silicone pour appliquer le liquide de masquage.

Le papier

Le papier est très important. Il y a trois anniversaires, une personne bien intentionnée m'a fait cadeau d'un bloc aquarelle/oil (oui, ça changeait selon le langage, intéressant détail), faisant partie d'un genre de kit pour offrir. Je n'avais pas l'intention d'avoir des préjugés à son égard donc je l'ai essayé pour l'illustration de la troisième convention lolita. Ca ne s'est pas bien passé. J'ai pu la sauver à l'ordi… Inversement, il y a longtemps mon oncle et ma tante m'ont offert un bloc de chez Lanaquarelle, et ça a été la révélation. Il s'agissait d'un papier pressé à chaud au grain fin. Le mot clé est "hot-pressed". C'est LE papier pour de l'aquarelle précise. Depuis j'achète l'équivalent chez Arches car je le trouve plus facilement. Il existe littéralement un mauvais côté à ce papier. Quand je me rends compte que j'ai commencé à peindre dessus, je refais. J'ai du mal à le distinguer à l'œil nu (hélas !) mais c'est à la pratique que ça se passe mal. C'est le cas de mon illustration pour Burlesque Girrl ; le délai serré m'a obligée à faire avec, mais les plages sombres ont un côté grumeleux. François qui aime autant la précision que moi utilise également ce pressage de papier depuis longtemps.
Néanmoins la plupart des gens préfèrent le côté flotteux de l'aquarelle la détrempe, pour lequel je ne recommenderais pas forcément ce type de papier. J'expérimente actuellement des feuilles de chez Vallis Clausa, un moulin à papier dans ma région. J'arrive à rester précise dessus, l'habitude aidant. Je trouvais ça sympa d'acheter local.

Les petits tests

Test watercolour paintings of a woman's face.
Essais de visage pour Thaumatrope.

Il y a des jours où je peins comme un cul, d'office. D'autres où ce que je dois peindre s'avère périlleux et je le sais d'avance : c'est le cas notamment des grandes plages d'applats, ou des éléments dans l'ombre. Quand je dois peindre quelque chose d'important, un visage par exemple et que je n'ai pas encore peint ce jour, je le redessine grossièrement et le peins plus ou moins partiellement sur un papier d'essai, proche du support définitif donc pas un papier machine (ça peut être des chutes d'une grande feuille raisin, ou en ce qui me concerne, les dernières feuilles de mon précédent bloc arches d'un format trop petit pour y faire des illustrations de valeur). Je suis régulièrement confortée sur la nécessité de ces essais car certains premiers jets sont parfois insauvables. En aquarelle, c'est dire. Et puis, il y a les essais techniques, quand vous pensez à un effet, et que vous expérimentez des trucs pour y parvenir : jus de citron dans la peinture, création de texture au moyen de cheveux ou de colle, peinture au thé, sont certains exemples qui me viennent en tête.

Les applats

Les applats c'est infernal donc déjà cf paragraphe précédent. Certains s'avèrent en outre géométriquement désavantagés, ou contiennent des éléments à préserver pour plus de challenge ! Je vais tâcher de détailler point par point la méthode que j'utilise pour les réaliser. Tout d'abord, je recommande de multiplier les pots d'eau, ce n'est pas du luxe d'en avoir au moins un qui reste propre, de sorte que cela ne soit pas le même pot qui serve au mouillage du papier et au rinçage du pinceau.

Le drawing gum sert à masquer des zones, donc si vous en avez besoin, commencez par ça, et attention cette saleté sèche hyper vite et peut bousiller votre pinceau en moins de deux. Récemment c'est dans le rayon maquillage d'un monoprix que j'ai découvert le pinceau ultime pour drawing gum : un pinceau en silicone pour eyeliner. Il doit exister des équivalents en magasin d'art, mais enfin au moins celui-là est très précis. Sinon vous pouvez recycler vos anciens pinceaux ou acheter des pinceaux au rabais, et les laver toutes les 2 secondes au savon quand vous travaillez avec (prévoir deux autres pots à eau dans ce cas), mais vraiment le pinceau en silicone ça m'a changé la vie. Je laisse même le drawing gum sécher dessus, ce qui est impensable avec un pinceau à poils.

Vous n'êtes pas obligé de tout masquer, parfois je ne fais que les bords (mais généreusement). Préparez dans votre palette une quantité suffisante de la couleur à peindre, pour vous épargner ce moment de solitude quand vous venez à manquer en cours de route. Ne mettez pas toute la quantité d'eau de suite, montez la couleur petit à petit et maintenez une certaine pigmentation, car votre préparation sera rediluée quand vous l'appliquerez. Ensuite, peignez avec un pinceau propre la zone à l'eau, juste à l'eau. J'utilise parfois plusieurs pinceaux, un petit et précis pour aller dans les coins et sur les bords, et un énorme pour le remplissage. Vérifier qu'aucune partie ne sèche en réinjectant grossièrement un peu d'eau dans les premières zones que vous avez travaillées, puis teintez votre zone humide avec votre préparation, qui se répartira ainsi de manière plus homogène avec moins de risques de vilaines lignes de démarcation. Vous pourriez avoir besoin de réhumidifier même en phase 2, il est bon d'avoir sous la main un pinceau réservé à l'application de l'eau qui restera propre. Beaucoup de doublons dans ma façon de travailler : plein de pots, plein de pinceaux… Ah oui : vous ne pourrez pas vous arrêter au milieu d'un applat.

La documentation

Même ce que vous croyez savoir peindre, n'hésitez pas à le chercher un peu, pour obtenir un résultat réaliste. Je ne parle pas ici de trouver UNE photo dont vous allez reproduire un bout. Ça peut arriver, mais l'idée générale est plus importante. Recherche d'ambiance, recherche sur une luminosité que vous voulez dans votre illust (« england autumn », « autumn devonshire » etc). Inversement, si on vous commissionne le portrait de quelqu'un, par pitié ne reproduisez pas la photo qu'on vous a fourni. Ca n'a aucun intérêt et je conseille aux clients bernés de la sorte d'utiliser l'appli aquarelle de l'Iphone la prochaine fois.

Voilà donc quelques paragraphes qui résument mes trouvailles au fur et à mesure des années. Ils vous seront peut-être utiles, ou vous en apprendront un peu plus sur ma façon de travailler, faute de nouvelles productions pour le moment (pas ici du moins !) Enfin, j'ai quand même glissé quelques spoilers sur mes travaux en cours dans ce billet… En attendant de glâner quelques idées pour garder un rythme plus régulier de blogging !