Pour le lendemain j'avais prévu une excursion de 2 jours sur le Titicaca[1] via une agence, une première je pense pour notre famille habituée à essayer de tout faire par nos propres moyens. J'avais en outre choisi la formule un peu plus chère mais plus équitable de l'agence All Ways qui devait nous faire nous immerger encore davantage dans la culture andine, bonjour l'ambiance quand une famille d'introvertis débarque chez l'habitant et est censée partager ses taches quotidiennes. Heureusement pour nous le résultat final a été plus touristique que prévu, ce qui m'a sauvée car je n'assûme jamais ces choix fantaisistes dont je me fends parfois et qui sont basés sur des critères de sociabilité que je ne remplis juste pas du tout. De fait la première étape après une heure de bateau sur les mythiques îles flottantes Uros avait de légers airs de traquenard car on attendait clairement de nous que nous dépensions nos PO[2], ce qui tombait mal car nous n'en avions absolument pas, seulement des grosses coupures. Reste que ces îles m'avaient quand même fait rêver bien des années depuis que j'avais vu un reportage sur Arte dans ma jeunesse et cela valait clairement le coup d'œil (plus que l'artisanat hit-or-miss, ça c'est sûr, même si je serais bien repartie avec un bateau miniature). Je vous laisse juger plutôt :

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Si les Uros restaient encore bien proches de Puno, enclavées dans ce qu'on appelle le lac mineur qui donne lui-même dans le lac majeur par un détroit d'environ 900m, l'île d'Amantani où se déroulait la grande partie de l'excursion était elle au delà de ce détroit, même si toujours dans les eaux péruviennes (ce lac est si grand qu'en vérité il se trouve à cheval entre le Pérou et la Bolivie). Même s'il faisait très beau, à mon grand soulagement vu les nuages noirs que j'avais vu s'amonceler la veille en arrivant en bus, le climat n'était pas si génial que ça pour la navigation et nous avons abordé l'île par un endroit imprévu. Corollaire, une fois débarqués une floppée de mamas prévenues à la dernière minute sont arrivées en courant nous accueillir et nous avons été répartis dans des familles, coupant notre groupe de 6 en deux tout de même — ça tombe bien, on était deux à parler l'espagnol même si la langue locale serait plutôt le quechua (les habitants des Uros étaient eux des Aymaras parlant donc… l'aymara, les précédents insulaires ayant donné leur nom aux archipels s'étant éteints en 1959). La grimpette nous a un peu assassinés, bien que les mamas la fassent les mains dans les poches, ou plutôt les mains partout sauf dans les poches car pourquoi rester oisif quand on peut filer la laine en marchant ? Finalement nous nous sommes installés dans nos quartiers, et peut-être à cause du changement de programme, nous n'avons pas eu à déranger les mamas dans leurs occupations donc j'en ai profité pour prendre quelques photos avant de déjeuner :

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Peu après notre (très bon) guide nous a fait monter en haut du village et nous a parlé un peu des coutumes locales. Il nous a déballé quelques produits cultivés sur l'île, des pommes de terre, de l'oca du Pérou, de la quinoa etc. Puis il a convié ceux que ça intéressait à une partie de foot avec quelques enfants du village. Et après que tout ce monde ait donné jusqu'à son dernier souffle dans cette activité… il les a fait monter jusqu'aux plus hautes parties de l'île battues par un vent de tous les diables, afin d'admirer le coucher du soleil depuis un des deux temples en ruines présents, celui du Pachatata et celui du Pachamama — ce dernier étant moins venteux il fut l'heureux élu.

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But atteint, donc.
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Nos grosses coupures n'ayant pas non plus pu nous acheter des chocolats chauds à 5 soles pour se réchauffer, c'est frigorifiés que nous sommes redescendus vers le village, où nous avions pensé originellement profiter d'une grande fête locale qui tombait pile ce jour-là. Au cours du dîner composé encore de soupe de quinoa et de pommes de terre et autres ocas, et de ce délicieux mate de muña (un genre de menthe), j'ai appris que la fête se déroulait en réalité dans un des autres villages de l'île (il y a 8 communautés à Amantani), à une heure de marche. Après le repas je suis passée dans la maison voisine où séjournait l'autre partie de mon groupe pour aller confirmer ce que nous savions tous déjà. La mama elle-même semblait bien soulagée quand elle a compris qu'elle pourrait aller dormir ! Et en même temps je la comprends car les mamas se lèvent avant même le lever du jour pour ramasser du bois comme ont failli le regretter ceux qui avaient des envies d'aller pisser dans la nature (les toilettes officiels n'étant pas particulièrement attractifs il faut dire avec leur porte ne fermant pas et leur seau d'eau pour tirer la chasse). Une soirée en somme bien loin du terrifiant programme officiel :

20:00: In our local culture, there is always a reason to enjoy the folk music and dance because that is an important part of life in the Andes. This is the reason why after dinner, the community of Amantani organizes a gathering of local families and guests in the "salon communal". A local group of musicians play Andean music with the traditional instruments and we are invited to join in the dance and happy celebration. We are also given the wonderful opportunity to try on the local dresses, "ponchos" and costumes.
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Photo prise depuis ma fenêtre au petit matin.
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À 7 ou 8h du matin, nous avons dit adieu à nos mamas respectives et nous avons embarqué en direction de l'île toute-proche de Taquile, bien plus touristique et donc fréquentée (Amantani restera mon souvenir le plus immersif du Pérou rural, si tant est que ceci n'est pas un pléonasme). Nous y avons bien marché et avons pu nous attarder un peu grâce à notre guide sur l'art textile de l'île et sa forte importance dans les coutûmes ce qui change un peu de son rôle commercial… à l'inverse, on se doit de savoir tricoter surtout quand on est un homme et c'est la grosse honte que d'acheter tout fait son bonnet qui est symbole de sa place dans la communauté (enfant, homme célibataire, homme marié etc.). Le tissage aussi y est bien représenté et si nous n'avons pas ramené une ceinture tissée avec des cheveux de notre future épouse, on a tous trouvé un petit quelque chose dans les ceintures « normales » vraiment très jolies. Ceci devient vraiment un très long billet de blog mais je vous rassure il s'arrête enfin après ces dernières photos :

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nowreading : A Storm of Swords Part I

Notes

[1] Objectif chanter « Qui a du caca kaki collé au cucul en tutu kaki sur le lac Titicaca[3] » sur le lac Titicaca atteint.

[2] Pièces d'or.

[3] Visiblement quelqu'un qui n'a pas acheté de plantes médicinales lors de son trajet en bus.